LA DYNASTIE CAROLINGIENNE
Introduction: L'Architecture
L'architecture carolingienne mêle classicisme romain et architecture de l'Antiquité tardive. Les carolingiens ont beaucoup emprunté aux styles architecturaux paléochrétiens et byzantins, bien qu'ils aient ajouté leurs propres innovations et leur style esthétique. Le père de Pépin le Bref a eu un grand impact sur l'architecture qui a balayé la France. Juste pendant le règne de Charlemagne, 16 cathédrales, 232 monastères et 65 palais ont été construits. Les rois n'étaient pas seulement responsables des chantiers de construction, ils fournissaient également les architectes et les financements. La redécouverte des traités d'architecture écrits par Vitruve permet de construire en pierre, matériau peu utilisé jusqu'alors au nord de la vallée de la Loire. Lors de leurs voyages en Italie, les Carolingiens découvrent les basiliques romaines, les arcs de triomphe et les chapelles palatines. Les architectes ne se contentent pas de copier les formes romaines mais adaptent leurs plans pour répondre aux besoins des cérémonies royales et religieuses. La plupart des éléments architecturaux inventés au début de la période carolingienne ont été affinés au fil des décennies et adaptés successivement pour aboutir à l'architecture romane du XIe siècle. La première période de l'architecture carolingienne, sous le règne de Pépin le Bref et au début du règne de Charlemagne, a été impulsée par de puissantes personnalités ecclésiastiques. Le pape voulait réorganiser et uniformiser l'Église catholique avec l'aide de Charlemagne. L'évêque Chrodegang introduit les services liturgiques romains, ce qui entraîne d'importants changements dans l'architecture. L'orientation des églises est définie de manière à ce que l'autel soit situé à l'extrémité orientale et l'entrée à l'extrémité occidentale.
(gauche) La cathédrale vue de son extrémité orientale ; (droite) tambour et coupole de la chapelle palatine, créé en 792
La chapelle Palatine d'Aix-la-Chapelle
La chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle est une chapelle du début du Moyen Âge et un élément restant du palais de Charlemagne à Aix-la-Chapelle, dans ce qui est aujourd'hui l'Allemagne. Bien que le palais lui-même n'existe plus, la chapelle a été préservée et constitue désormais la partie centrale de la cathédrale d'Aix-la-Chapelle. Il s'agit du principal point de repère d'Aix-la-Chapelle et d'un monument central de la Renaissance carolingienne.
La chapelle contenait les restes de Charlemagne. Charlemagne a commencé la construction de la chapelle palatine vers 792, en même temps que le reste des structures du palais. Elle a été consacrée en 805 par le pape Léon III en l'honneur de la Vierge Marie.
L'édifice est une chapelle à dôme à plan central. L'extrémité orientale avait une abside carrée, et était à l'origine flanquée de deux structures basilicales, aujourd'hui perdues mais connues par l'archéologie. L'entrée de la chapelle se faisait par un atrium monumental, à l'ouest. Le plan et la décoration de l'édifice combinent des éléments classiques, byzantins et préromans, et des matériaux opulents comme l'expression d'une nouvelle maison royale, dirigée par Charlemagne. La chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle est le bâtiment carolingien le plus connu et le mieux préservé.
C'est également un excellent exemple du style néo-classique qui caractérise l'architecture du règne de Charlemagne. Lors de la construction de sa chapelle, Charlemagne a fait plusieurs choix stratégiques qui liaient son bâtiment aux héritages de la Rome antique et de l'empereur Constantin du IVe siècle. L'emplacement du nouveau bâtiment a été choisi parce qu'il s'agissait d'un site romain historique doté de sources chaudes utilisées pour les bains. Le style classique de la chapelle fait également référence à la lignée impériale romaine, notamment par son imitation de deux édifices chrétiens importants : le Saint-Sépulcre à Jérusalem et San Vitale à Ravenne.
L'abbaye de Saint-Médard de Soissons, fondé en 557
L'abbaye de Saint-Médard
L'abbaye de Saint-Médard est riche de 1500 ans d'histoire, remontant à 560, date à laquelle elle a été créée pour abriter les reliques de l'évêque de Noyon du même nom, Saint Médard.
Peu après sa fondation, l'abbaye a été reconnue comme l'un des principaux centres de spiritualité et de politique de la France médiévale. Elle a également servi de crématorium à Clotaire et Sigebert, respectivement fils et petit-fils de Clovis, fondateur de la dynastie mérovingienne, ce qui a catapulté l'abbaye vers de grands sommets en termes d'importance.
Le couronnement de Pépin le Bref comme roi des Francs a eu lieu dans la même abbaye, inaugurant la dynastie carolingienne.
Parmi les principales attractions, citons l'impressionnante crypte et le mausolée royal, avec dix chapelles entrelacées d'arcs, les murs contenant des statues royales dorées, l'entrée en forme de château, la tour d'Abélard et les piliers romains.
L'abbaye de Lorsch, fondée en 764
L'abbaye de Lorsch
La porte de l'abbaye de Lorsch, construite vers 800 de notre ère en Allemagne, est un exemple d'inspiration classique de l'architecture carolingienne.
Elle se présente sous la forme d'un hall à trois arches dominant la porte, avec une façade à arcades entrecoupée de colonnes corinthiennes engagées et de pilastres au-dessus. Outre les colonnes engagées et les arcades, les structures en forme d'abside situées de part et d'autre de la porte rappellent les anciennes basiliques romaines, qui étaient le lieu d'événements gouvernementaux importants.
C'était l'un des monastères les plus renommés de l'Empire carolingien. Même dans son état de ruine, ses vestiges comptent parmi les plus importants bâtiments de style préroman-carolingien en Allemagne. L'abbaye a été fondée en 764 par le comte franc Cancor et sa mère veuve, Williswinda, en tant qu'église propriétaire. Un conflit sur les droits de propriété entre le frère de Cancor, Gundeland, et le fils de Cancor a entraîné le déplacement de l'abbaye. En 772, Gundeland s'adresse à la plus haute autorité, Charlemagne, qui lui donne raison. Gundeland donne l'abbaye avec tous ses biens au roi, la transformant en abbaye royale.
Cela montre la tendance carolingienne à chercher l'inspiration dans la gloire de l'époque constantinienne. La structure Lorsch comporte deux étages avec des tourelles d'escalier de chaque côté, et un très haut toit en croupe à forte pente. Contrairement aux arcs de triomphe, cependant, seuls les murs extérieurs de la structure sont dotés d'arcs, et la partie inférieure de l'étage supérieur est encadrée par un plafond plat entre les murs extérieurs. Selon un récit, à l'étage supérieur se trouvait une chapelle de Saint-Michel, un élément courant qui était placé à l'endroit le plus occidental du terrain d'une abbaye pour que l'archange éloigne le mauvais esprit.
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L’abbaye impériale de Corvey, Construit à l'origine en 822 et 885
L'abbaye impériale de Corvey
Un exemple impressionnant de l'époque carolingienne subsiste dans l'église du monastère de Corvey (822-848). Cet ouvrage occidental, ajouté entre 855 et 873, n'a pas subi d'autres modifications et exprime encore toute la puissance de la conception carolingienne de l'architecture.
Le premier abbé de Corvey était un cousin de Charlemagne, Adalard de Corbie. Ansgar, qui deviendra plus tard "l'apôtre de la Scandinavie", a fondé l'école abbatiale en 823. La bibliothèque de l'abbaye est constituée d'ouvrages provenant de Corbie, complétés par la production du scriptorium local. En 826, Corvey devient une abbaye indépendante, dédiée à saint Étienne. En 833, elle obtient le droit de battre monnaie dans le royaume des Francs, en tant que première place à l'est du Rhin.
L'ouvrage occidental de Corvey illustre de manière unique l'une des plus importantes expressions architecturales carolingiennes. Véritable création de cette période, son articulation architecturale et sa décoration illustrent clairement le rôle joué au sein de l'empire franc par les monastères impériaux pour assurer le contrôle territorial et l'administration, ainsi que la propagation du christianisme et de l'ordre culturel et politique carolingien dans toute l'Europe.
L'abbaye est un exemple exceptionnel d'architecture carolingienne, le plus ancien exemple conservé de muraille occidentale et la plus ancienne structure médiévale de Westphalie. L'architecture originale de l'abbaye, avec sa salle voûtée et ses galeries entourant la salle principale, a fortement influencé l'architecture romane et gothique occidentale ultérieure. L'intérieur de l'aile ouest contient les seules peintures murales connues de la mythologie antique avec une interprétation chrétienne à l'époque carolingienne.